Abbaye de Remiremont dans les Vosges

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise gothique

Abbaye de Remiremont

  • 4bis Place de l'Abbaye
  • 88205 Remiremont
Abbaye de Remiremont
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Crédit photo : © Christian Amet - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIe siècle, XIIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise en totalité, la crypte comprise (cad. AB 225) : classement par arrêté du 29 décembre 1983

Origine et histoire de l'Abbaye

L’abbaye de Remiremont, située dans les Vosges, est une ancienne fondation bénédictine devenue un chapitre impérial de chanoinesses nobles séculières, institution active de la fin de l’Antiquité tardif au moment de la Révolution. Elle fut établie vers 620 par saint Amé et saint Romary sur le mont Habend, plus tard appelé le Saint-Mont, avec dès l’origine deux communautés distinctes de moines et de moniales dédiées à saint Pierre et vivant d’abord sous la règle de saint Colomban. Au cours du haut Moyen Âge les moniales descendirent dans la vallée (vers 818), revinrent au Saint-Mont face aux invasions hongroises (entre 910 et 920) puis s’installèrent définitivement dans la vallée en adoptant la règle de saint Benoît au XIe siècle. Le monastère masculin fut détruit par un incendie en 1057 ; dans le même siècle l’abbaye féminine obtint du pape l’exemption et de l’empereur l’immédiateté, ce qui la plaça directement sous la juridiction du Saint-Siège et de l’Empire et lui valut le titre d’abbaye impériale et royale. Vers la fin du XIIIe siècle les religieuses abandonnèrent l’observance monastique et furent sécularisées par le pape, devenant un chapitre de chanoinesses issues de la haute noblesse. L’abbesse et le chapitre formèrent une principauté ecclésiastique qui comprenait la ville de Remiremont et de larges territoires dans les vallées de la Haute Moselle et de la Cleurie, ainsi que de nombreuses possessions en Haute-Saône et en Alsace. Les privilèges du chapitre furent à plusieurs reprises confirmés par des actes impériaux, notamment par des diplômes datés des XIIIe siècle reconnaissant la princesse-abbesse comme princesse d’Empire.

L’admission au chapitre exigeait des preuves de noblesse strictes : la candidate devait justifier, côté paternel et maternel, de plusieurs lignées nobles attestées, ce qui faisait du collège des dames un lieu de haute aristocratie régionale. Les chanoinesses ne prononçaient pas de vœux religieux permanents ; elles vivaient en hôtel particulier, administraient leur patrimoine, pouvaient se marier et accomplissaient cependant l’office canonial quotidien, avec les grandes heures que sont les matines, les laudes et les vêpres. Le chapitre comptait traditionnellement un nombre limité de « dames » (on disait qu’il n’excédait pas 72) ; à la veille de la Révolution il réunissait 32 dames et 21 « nièces ». La suppression du chapitre fut votée le 7 décembre 1790 malgré quelques voix de protestation locales.

Sur le plan gouvernance, l’abbesse était élue par le chapitre et la nomination devait être confirmée par une bulle pontificale ; elle portait des insignes spécifiques et présidait une hiérarchie interne composée de la dame doyenne, de la dame secrète, d’une aumônière, d’une sonrière et d’autres officières. L’autorité temporelle reposait sur quatre grands officiers — grand prévôt, grand chancelier, petit chancelier et grand sonrier — chargés de gérer les seigneuries, les bans et la perception des redevances, charges qui furent d’abord exercées par des moines puis confiées à des gentilshommes attestant leur noblesse.

Le chapitre disposait d’un vaste patrimoine dispersé et ancien, documenté par un censier remontant au Xe siècle : il administrait 78 paroisses et 74 seigneuries et possédait des biens concentrés dans le massif vosgien mais aussi des enclaves et seigneuries éloignées, depuis Neufchâteau jusqu’à Lunéville, avec quelques terres en Alsace et en Haute-Saône. Ces domaines étaient répartis entre la mense abbatiale, la prévôté, le grand sonrier, les chancelleries, la dame secrète, l’hôpital et les grandes aumônes, et comprenaient notamment le ban de Remiremont, des mairies à Gérardmer et Bruyères, des bans à Vagney et Longchamp, ainsi que le droit de monnayage à Fénétrange. Les parts de souveraineté variaient selon les fiefs : l’abbesse apparaissait souvent comme « dame foncière » et avait la préséance aux plaids banaux, même lorsque les droits de justice étaient partagés avec le duc de Lorraine ou d’autres seigneurs.

Les relations avec l’avoué, le plus souvent le duc de Lorraine, furent marquées par des tensions récurrentes sur l’exercice de la justice et la jouissance des terres. Ces conflits attirèrent plusieurs fois l’arbitrage impérial et papal aux XIIe et XVe siècles ; en 1142, par exemple, une audience impériale intervint dans un différend opposant le chapitre et le duc. Au XVIe siècle l’affrontement connu sous le nom de guerre des Panonceaux se solda par la défaite du chapitre face à Charles III de Lorraine (1563‑1566) : l’abbesse fut contrainte de reconnaître l’autorité du duc et perdit l’exercice de certains droits régaliens, ce qui affaiblit durablement l’autonomie politique du chapitre.

Pendant la guerre de Trente Ans, l’abbesse Catherine de Lorraine se distingua en défendant Remiremont lors du siège de juillet 1638 et en obtenant, par sa négociation, le statut de neutralité qui épargna le territoire des exactions militaires. Les usages et cérémonies du chapitre restaient très ancrés localement : chaque Pentecôte, les paroisses rendaient hommage au chapitre lors des « kyrioles » et, à l’avènement d’une nouvelle abbesse, le suzerain devait venir jurer protection.

Aujourd’hui subsistent des témoins architecturaux importants de cet ancien pouvoir féminin : l’église abbatiale et sa crypte sont classées au titre des monuments historiques (classée le 29 décembre 1983) et l’on conserve encore l’église Notre-Dame de Remiremont, l’ancien palais abbatial devenu hôtel de ville et une quinzaine de maisons de chanoinesses. Ces vestiges matérialisent l’histoire singulière d’une principauté ecclésiastique qui a longtemps exercé à la fois une autorité spirituelle et une tutelle seigneuriale sur une part notable du territoire vosgien.

Liens externes